Il n'aurait su dire exactement combien de minutes s'étaient écoulées depuis le moment où il s'était approchée et l'avait prise dans ses bras ; il n'aurait su dire combien de temps ils restèrent ainsi. Il aurait pu mourir là, tout de suite, il en aurait presque été heureux... Il savait qu'elle était en vie. Du moins, que ce soit pour deux jours, une semaine, un mois ou six mois, mais elle était en vie. Il sentait son cœur battre ; il pouvait compter en compter les battements... Elle était donc vivante ; c'était tout ce qui importait. Douce musique qui lui semblait avoir oublié pendant deux ans et qui lui semblait redécouvrir... Ils étaient en sale état – Azkaban pourrait difficilement faire du bien.. - mais elle était vivante... Remus laissait couler quelques larmes sur ses joues, oui, alors qu'il avait conservé tout tout en lui depuis deux années consécutives. Il n'y avait qu'avec Tonks qu'il s'était autorisé à se laisser vraiment aller... Sauf au début. Mais où était le début à présent ? Il n'y avait plus de début ; il n'y avait même plus de milieu... Il n'y avait plus que la fin. Il le sentait, mais il se réjouissait de ne pas passer cette fin tout seul finalement... Ces larmes étaient cependant pour la nostalgie de n'avoir bientôt plus à devoir couler. Elles signifiaient la fin. Il sentait Tonks pleurer contre son épaule et dans la poitrine, il sentait comme un pincement douloureux au fond de lui... Il tenait si fermement la jeune femme dans ses bras qu'il doutait fortement qu'on aurait pu les séparer l'un l'autre... Ils étaient comme soudés, incapables de séparer. On les releva cependant et sans résistance, il obtempéra. Il n'avait plus la force de toutes les façons de se battre... A présent. Le Bien, le Ma ; l'un et l'autre pouvait s'étouffer, pouvait mourir – plus le Mal quand même -, il n'y avait plus que le neutre. Il s'en fichait du reste... Même si évidemment, il rêvait que ceux qui les accusait de crimes alors que c'était eux les criminels meurent eux-mêmes d'asphyxie dans leur sommeil. Il leur poserait même e coussin sur leur visage et empêcherait qu'il puisse se l'ôter. En premier cible bien entendu, Kebinus Granace. Il n'aurait aucun remords. Pour lui ils n'étaient même pas humains. Tuer un humain, il ne le ferait jamais ; mais tuer un monstre, jamais il ne culpabiliserait. Plus maintenant en tous les cas... Avant, il avait pensé que même dans ce qui se montraient méchants et in justes, il existait toutefois l'espoir qu'ils ne soient pas aussi mauvais qu'ils le paraissaient. Aujourd'hui, cette espoir était révolu.

Alors qu'ils étaient debout, il sentit la main de Tonks se glisser dans la sienne et la conserva étroitement entre ses doigts. Il ne savait pas où il allait, n'ayant même pas entendu les derniers mots de Granace tellement il était sous le choc de la situation, tellement son attention entière était focalisée sur une seule personne, et un potentiel fils qu'il aurait... ? Cela lui semblait invraisemblable et il ne pouvait même pas y croire. C'était immatériel, tout comme avant de sentir – de nouveau – Tonks contre lui, le fait qu'on ait pu lui dire qu'elle était en vie l'avait laissé de interloqué comme s'il n'y croyait pas... C'était immatériel. Remus croyait aux choses matérielles, aux choses qui se voyaient, qui se touchaient, qui se touchaient... Vous voyez sans doute pourquoi il ne peut pas croire en l'existence d'un Dieu quelconque qui les surplomberait de tout là-haut... ? Ridicule. C'était aussi immatériel que du vent. Remus avait besoin des preuves réelles qui prouverait que tout ceci était vrai, quand bien même ce serait même Tonks qui le lui dirait. Dans son esprit, il n'arrivait pas à se matérialiser un enfant qu'il pouvait bien avoir. C'était impossible. Il aurait deux ans ? Pourquoi ne parvenait-il même pas à savoir à quoi il pouvait bien ressembler ? A qui ? Il aurait beau essayer de dessiner son visage dans sa tête, tout s'effaçait, s'éloignait au fur et à mesure... Il n’arrivait pas à fixer son image. Il se sentit entraîné par Tonks qui lui tenait la main. Où allaient-ils ? Il ne savait pas et s'en fichait... Il la suivait c'était tout. Il ne suivait pas les mangemorts, non, il la suivait elle. Les mangemorts, il leur aurait craché à la figure, encore une fois. Ce n'était pas eux qu'il suivait. Il la vit s'arrêter devant une porte. Il s'arrêta alors qu'il faisait de même. Il la vit fermer les yeux. Il ne dit rien mais se demanda pourquoi. Enfin, pour réunir des forces c'était assuré. Il exerça juste une pression sur sa main pour lui indiquer qu'il était là, sans savoir si c'était ce qu'il fallait faire. Deux en prison semblait avoir annihilé tout sens relationnel avec les personnes. Alors qu'elle entrait dans la pièce, Remus n'avait pas bougé ; il était resté à l'entrée, n'osant pas bouger. Il la vit se diriger vers un enfant, au loin... Ce n'était pas le sien. C'était le sien, à elle. Assurément. Il n'avait pas d'enfants... Il ne le reconnaissait pas. Il l'aurait certainement reconnu.

En tous les cas, il la vit le prendre dans ses bras et le serrer contre elle. Un élan d'affection le prit et son cœur se serra et un sanglot noua sa gorge. Il resta cependant sans bouger à sa place. Il demeura à les observer pendant plusieurs minutes puis la vit se relever et aider l'enfant à avancer... Vers lui ? Pourquoi vers lui ? Il n'avait pas d'enfant... Il ne s'en souvenait pas... Puis, la rage vint, la colère qui bouillonna en lui.... Contre le ministère. Et aussi la tristesse contre lui-même. Il ne pouvait se souvenir de rien, même pas de lui bébé parce qu'il ne l'avait jamais vu, parce que le ministère l'en avait privé, l'avait privé d'eux... Il détourna les yeux du petit, les tourna et les posa sur Tonks, le regard perdu. Il ne savait pas quoi faire. Que fallait-il qu'il fasse, pourquoi elle emmenait cet enfant vers lui... ? A cause d'eux, il avait l'impression qu'elle lui amenait un enfant inconnu. Il resta immobile, les bras le long du corps tandis qu'elle s'arrêtait près de lui avec l'enfant. Il releva les yeux vers elle, puis les baissa de nouveau vers l'enfant. Qu'est-ce qu'il devait faire ? Il ne pouvait pas s'approcher d'un enfant inconnu quand même... Il ne voulait pas lui faire peur... Il avait une mine épouvantable – pire que d'habitude - bien qu'il ne se soit vu dans une glace depuis deux ans, mais … Il allait l'effrayer. Qu'importe qui était l'enfant, il ne voulait lui faire peur... Il ne voulait pas qu'il se mette à pleurer à cause de lui... pleurer, c'était ce qu'il faisait auparavant avant que Tonks n'entre et ne se dirige vers lui.

Ses pleurs s'étaient calmés dès l’instant où elle l'avait pris dans ses bras. Un lien très fort était entre les deux, cela se voyait. Il ne doutait même pas que ce ne soit pas son enfant, mais lui, c'était différent ; qui était-il pour lui ? Il ne pouvait pas... Il ne le connaissait pas, il allait avoir peur... Il amorça un mouvement, un pas en arrière avant de se figer et de lancer un regard en alerte à Tonks. Ses yeux se fermèrent un instant, le temps de se reprendre. Il ne se rappelait vraiment pas... Les mangemorts lui avait volé deux ans d'une vie qu'il aurait pu avoir... Il voulait se souvenir de lui étant petit, mais il ne pouvait pas. Il n'avait rien, aucun souvenir de lui... Qui était-il ? Il doutait même qu'il soit vraiment son père, qu'il soit son enfant à lui... A cause d'eux il avait l'impression de ne pas le connaître... C'était une sensation de vide qu'il sentait au fond de lui-même. Tonks, elle au moins, pouvait se dire être la mère de cet enfant. Mais pas lui... Comment pouvait-il se prétendre ? Il devait certainement être un père indigne, ne pas pouvoir reconnaître son propre fils, d'après ce qu'on lui disait. Pourtant ce n'était pas de sa faute... C'était de leur faute. A cause d'eux, il ne connaissait pas son fils, il ne savait rien de lui, ni des circonstances de sa naissance... Ce n'était pas lui qui avait passé deux années près de lui, c'était Tonks. Lui, on l'avait séparé d'eux tout simplement pendant deux ans. Au moins, Tonks avait pu se raccrocher à son fils, pendant ces deux années. Lui, il n'avait eu que lui-même. Il y avait un vide au fond de lui.... Et son aversion envers les mangemorts n'en fut que plus forte parce qu'il ne pouvait se souvenir de rien. Il rouvrit les yeux, une expression désemparée sur le visage. Il tourna les yeux vers la jeune femme avant d'essayer d'expliquer l'énorme problème qu'il ressentait au fond de lui-même et qu'il ne parviendrait même pas à expliquer... Il ouvrit la bouche une seconde ou deux mais ne put sortir quoique ce soit. A la deuxième tentative, il parvint à laisser échapper d'un ton hésitant qu'il tenta de contrôler du mieux qu'il put. Dans ses yeux se lisait la soudaine détresse qui l'avait soudain emparé.

« Tonks, je... Je ne sais pas, je... Je ne sais... rien... »

… Tonks, il l'avait appelée ? Pour l'appeler par son nom comme il ne l'avait pour ainsi dire jamais fait par le passé, il devait être vraiment bouleversé... Autant Remy était inconnu de Remus, autant cet enfant ne le connaissait pas davantage non plus. Remus n'oserait même pas le toucher ou le prendre dans ses bras comme un père ferait de son fils. Il garda les yeux fixés sur Tonks, avec à la fois un regard horrifié et impuissant, comme s'il recherchait un appui, une aide inespérée pour ne serait-ce essayer de se souvenir... Se souvenir de ce dont il ne pouvait.

Remus retenait l'émotion qui le tenaillait, et aussi la stupeur, l'indécision... Désemparé, il ne savait pas quoi faire. Il cherchait une solution, une réponse dans les yeux de Tonks où il vit défiler plusieurs émotions. Son attention fut détournée lorsqu'il entendit la voix enfantine du petit garçon par terre. Papa ? Ce simple mot déclencha Il l'observait avec attention. Pendant un moment Remus ne put détourner les yeux et le regarda également. Il ne bougeait pas ; les deux ne bougeaient pas. Le lycan sentit sa mâchoire se crisper et sa gorge se serrer. Il faillit ouvrir la bouche mais s'abstint de parler. Quel droit avait-il... C'était à sa mère de... Au fond de lui, il ressentit un élan d'affection envers les deux personnes qui normalement devraient compter le plus pour lui, et lui, il restait... Mais ce n'était pas de sa faute. Il s'en voulut néanmoins... De rester inactif. Elle ne répondit rien mais lui adressa juste un sourire avant de se baisser vers son fils qu'elle prit dans les bras. Il était à présent à sa hauteur. Il ne bougeait cependant toujours pas ; il n'en demeurait pas moins que la gorge nouée d'émotion, il observa la mère et le fils dans cet échange si étroit entre une mère et un enfant. Il avait envie envie de s'approcher lui aussi, juste de pouvoir sentir un peu de tendresse lui aussi, ou d'être proche de quelqu'un également, mais il n'aurait voulu rompre pour rien au monde le moment entre eux. Il hésita même à reculer, il se sentit étranger... Sa place n'était pas là non.

Il sembla sortir de sa léthargie lorsqu'il l'entendit lui parler, affirmant par la seconde fois que c'était bien son père ? Il faillit être tenté de jeter un coup d'oeil par derrière pour voir s'il n'y avait personne par derrière … Mais il s'abstint. Son fils ? C'était impossible, il... Les larmes lui montèrent aux yeux pour la énième fois et sa gorge ne semblait avoir désenflée de l'émotion qui s'y était immiscée ; il parut cependant sortir de sa léthargie et parvenir à reprendre possession de ses capacités de langage. Il essaya de lever une main ; main qui retomba inutilement le long de son corps alors qu'il détournait les yeux dans lesquels passa une expression douloureuse de tristesse. A cause de cette guerre, à cause de cette guerre et de ces fichus mangemorts, voilà qu'elle était obligée de lui présenter son propre fils... Pitoyable il fallait l'avouer. Remus se sentit pitoyable. Remy Teddy Lupin ? Ainsi, elle l'avait appelé presque pareil que lui. L'avait-elle appelée ainsi parce qu'elle pensait qu'il était mort... ? Évidemment... Pendant qu'il était seul dans sa cellule, Tonks et son fils se trouvaient dans une autre cellule dans la même prison. Remus, ignorant de tout cela, avait vécu deux ans en croyant qu'il n'avait plus rien à quoi se raccrocher … Combien de fois avait-il espéré, un soir, ne plus se réveiller au matin ? Mort dans sa cellule. Se laisser aller pendant la nuit. Il trouvait cela comme une belle mort. C'était la meilleure même. Il irait retrouver Tonks... Il avait souhaité, des centaines de fois, que cela se produise. Mais, comme si un bon dieu finalement là-haut avait voulu allonger sa souffrance, il s'était toujours éveillé au matin. Sil ne savait pas où il avait trouvé la force de survivre, seul, dans l'obscurité et le froid de sa cellule. Il n'avait que ses propres bras dans lesquels se draper et essayer de trouver un peu de chaleur. « Dora, je... » mais son murmure fut interrompu, fondu dans sa gorge avant même de naître lorsqu'elle vint déposer un bref baiser sur ses lèvres … Il se rendit alors compte qu'elle venait de déposer son fils dans ses bras et il faillit paniquer. Il ne savait pas si c'était une bonne idée, il... Et s'il le faisait tomber ? Non il valait mieux qu'elle le garde, il... Ce n'était pas pour lui... Il n'empêche qu'il le tint quand même, quand bien même il avait l'impression que ses bras tremblaient. Il était conscient que l'enfant le regard et automatiquement il baissa aussitôt les yeux, rencontrant un regard bleu clair qui se fondit dans la couleur miel du sien. Un enfant... Le sien ? C'était des monstres d'avoir pu permettre qu'un bébé reste en prison... Surtout que la prison des sorciers n'avait rien à voir celle des moldus du fait même des détraqueurs . C'était des monstres... Ils ne l'avaient pas quand même laissé accoucher seule, sans rien, sans aide, sans... Seule ? Mieux valait qu'il n'y pense pas, mieux valait qu'il ne se pose même pas la question en vérité. Il n'était pas né à la bonne époque... Tout cela était en partie de sa faute, il aurait dû prévoir..

« Sois fort mon petit. », murmura t-il dans un murmure grave avant de sentir Dora se rapprocher et poser la tête sur son épaule. Progressivement, il semblait se réhabituer au contact humain et au sien surtout, ainsi qu'apprendre à se r'habituer à celui d'une toute nouvelle personne ; l'enfant de l'espoir. Il ramena un bras hésitant autour de la taille de la jeune femme qu'il resserrer, refermant ainsi la mêlée, le cercle, comme s'il voulait la protéger de tout ce qui était extérieur, enfin comme s'il voulait les protéger... Comme pour se rattraper de ces deux ans où il n'avait pas pu être là. Il les serra tous deux contre lui. Enfouissant sa tête dans ses cheveux, il ferma les yeux, se laissant envahir par ses émotions qui se déversaient en lui et qu'il n'avait plus ressenti depuis voilà trop longtemps. Il n'était plus habitué, mais il était content de ne pas avoir tout perdu néanmoins. Il ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi ; le temps aurait pu s'arrêter. Il l'aurait même souhaité qu'il s'arrête, que plus rien d'autres ne compte plus. C'était un rêve trop beau pour que cela continue. Il avait peur que quelque chose vienne interrompre ce moment de rêve et de réconfort mutuel... D'un moment à l'autre. La gorge nouée et le visage toujours dans ses cheveux, il laissa échapper dans un murmure à peine audible... « Tu m'as manqué... » Souvenirs, souvenirs... Se raccrocher...Retrouver des sensations perdues, des souvenirs... Il tournant le visage et ses lèvres à tâtons vinrent rechercher les siennes, doucement. Elles se pressèrent contre les siennes, hésitantes, mais presque désespérées elles s'en saisirent. Juste se sentir entier. Juste tenter de renouer avec le passé, avec ce qu'il avait cru perdre...

Le lycan pressa ses lèvres contre les siennes, comme s'il souhaitaient en retrouver le goût et les souvenirs qui y étaient attachés, et tout ce qui s'y rapportaient, mais rien du tout ne lui revenait. C'était comme un vide au fond de lui, des sensations vides, le passé. Ce qui s'était passé en deux années avaient diminué l'intensité des émotions qu'il avait par exemple ressenti lorsque le soir ils s'étaient couchés à l'un à côté de l'autre pour dormir. Pendant deux ans il avait totalement perdu le sens et la réalité de ces souvenirs... Comme si c'était déjà un rêve lointain, qu'en fait cela ne s'était jamais passé, qu'il l'avait certainement imaginé. Comme ce jour dans le grenier de la maison de ses grand-parents où il lui avait montré les albums photos, comme ce moment où il s'était mis à genoux devant elle et offert la bague de fiançailles de famille... Où était-elle d'ailleurs ? Sans doute dans la maison, quelque part... Peut-être même qu'elle était toujours restée là, peut-être même qu'il ne l'avait jamais sortit de son coffret. Il avait rêvé tout cela, rien ne s'était déroulé. Tout était trop beau pour que cela se soit passé un jour... Qu'il s'était dit. Aujourd'hui pourtant il la tenait bien de nouveau dans ses bras, contre lui, et il n'y croyait toujours pas ses yeux. Dire qu'elle lui avait manquée était un mot bien faible en vérité, bien faible pour exprimer sa pensée et ce qu'il avait ressenti... L'impression de ne pas avoir tenu sa promesse, de n'avoir pas su la protéger suffisamment et qu'elle était morte pour cela... Il avait culpabilisé ne pas avoir été tué à sa place.

Les mangemorts pouvaient en témoigner ; combien de fois les avaient-ils même supplié de le tuer, de l'achever puisque de toutes les façons, ils l'avaient déjà tué à moitié. Si aujourd'hui il n'irait pas jusqu'à les remercier de l'avoir laissé en vie jusqu'à ce moment, il devait avouer qu'il était toutefois content, et ému, de pouvoir connaître une seule fois encore dans sa vie l'amour et la tendresse que seule la jeune femme avait un jour fait naître en lui.. Le soulagement de la savoir en vie, la joie de la tenir dans ses bras... Son regard lui avait manqué, la douceur et la senteur exquise de sa peau, la chaleur de son corps contre lui... Alors qu'il avait pendant deux ans, imaginé ô combien il devait être glacé par la mort qui l'avait prit. Mais aujourd'hui il la tenait dans ses bras... De même qu'un fils dont il avait ignoré l'existence. Le fruit de leurs sentiments... Conçu il y avait de cela deux ans... Deux ans. Juste avant cette mission suicide... Juste avant cette mission suicide dans laquelle tout avait fini, dans laquelle tout avait fini et également commencé. La calvaire, le désespoir... Plus rien de vivant en lui n'avait été depuis ce jour...

Il aurait dû savoir, au moins sentir, qu'elle était en vie... Il n'avait pourtant rien senti ; le désespoir et la culpabilité n'avait eu de cesse de le ronger, annihilant tout le reste, empêchant l'espoir de pouvoir sentir qu'elle était encore là, quelque part... Si cela se trouvait, il aurait pu entendre des signes. Il ne les avaient cependant pas écoutés... Il ne les avaient pas sentis. Comme s'il désirait pouvoir retrouver, ne serait-ce une dernière fois, tout cela, tout ce qu'il avait perdu en deux ans, il s'accrocha à ses lèvres, ne s'en détachant à un moment qu'à contrecœur et parce qu'il devait reprendre son souffle. Il passa ensuite plusieurs minutes à la couvrir du regard, comme s'il voulait redécouvrir chacun de ses traits qu'il avait un jour caresser des yeux …. Ou comme s'il voulait les enregistrer à vie dans sa mémoire pour s'en souvenir même dans les moments les plus sombres... Elle ne lui apparaîtrait jamais laide quand bien même l'apparence miséreuse qu'elle pourrait avoir. Elle serait toujours, l'ange qui dans son cœur, avait su percer et trouver le chemin pour lui réapprendre que même dans les moments les plus sombres, il existait l'Amour. Aujourd'hui, tout était incertain. Il ne savait même pas s'ils pouvaient un jour espérer se sortir de là, c'était surement trop espérer... Il devait se réjouir qu'ils se soient retrouvés... Peut-être profitaient-ils en cet instant du seul et dernier moment de tendresse qu'ils pourraient jamais avoir à présent. Aujourd'hui, tout pourrait être fini... Il ne voulait pas y penser. S'il y avait un seul moyen de lui éviter cela, il l'aurait utilisé pour au moins la sauver elle, quitte à rester derrière, quitte à périr... Il ne voulait pas y penser, mais c'était impossible de ne pas y penser.... C'est alors il vit les larmes rouler sur ses joues et il crut mourir une seconde fois. Il l'écouta. Mourir... La mort ne lui faisait pas peur... Il y avait pire comme souffrances... Comme par exemple celle de devoir quitter les êtres qui nous étaient le plus chers. Mourir, cela ne lui faisait pas peur et il savait qu'il devrait mourir de toutes les façons un jour ou l'autre... S'il avait pu l'éviter à Tonks, il l'aurait fait. Peut-être qu'elle aurait pu alors recommencer à vivre avec leur fils ; il l'espérait. Ils devaient se marier, oui... Si le Temps n'avait pas joué contre eux, ils le seraient déjà... Un mariage, c'était juste un mariage. Cela ne diminuait en rien l'intensité des sentiments ; c'était plus un symbole. C'était les sentiments qui étaient le plus importants, mais le sentait, il le savait, c'était important pour elle... Portant une main à son visage, il recueillit une larme sur son doigt, l'observant un instant, une expression attristée au fond des yeux. Il vrilla ensuite son regard dans le sien...

« Je te promets. Je te promets tu entends ? » Il la serra de nouveau contre lui, l'obligeant à laisser sa tête aller contre sa poitrine tandis qu'il déposait le menton sur le haut de son crâne et qu'il fermait les yeux lui aussi en regroupant toute la force de sa volonté parce que la voir juste pleurer était absolument plus que douloureux. « On reste ensembles. Jusqu'à la fin. » Il ne l'abandonnerai pas, ils resteront ensembles et jusqu'au dernier de ses soupirs, sa pensée ira vers elle, recherchant jusqu'à la fin la dernière étincelle de vie au fond de ses yeux... « Si je pouvais... S'il y avait un seul moyen d'au moins te sauver toi... Que tu puisses vivre... », murmura t-il plus pour lui-même... S'il y avait un seul moyen, il le ferait ; s'il y avait un seul moyen, il n'hésiterait pas une seconde... Remus serra plus fortement ses yeux, ne voulant pas craquer lui aussi. Ils étaient ensembles maintenant ; ils devaient être forts. Ou en tous les cas, il devait être fort pour deux... Mais il y avait une volonté dont elle avait besoin pour pouvoir supporter la réalité et le fait que bientôt, ils ne seraient probablement plus là... Et pour cela, le temps leur était compté. Avant qu'il ait pu lui-même se rendre compte de ce qu'il disait, il se recula légèrement et posa son regard sur le sien, la gorge serrée. Il laissa ensuite échapper, presque dans un même souffle... « Nymphadora Tonks, voulez-vous prendre pour époux ici présent Remus John Lupin, lui promettre fidélité, le soutenir tous les tous les jours de votre vie, dans les pires comme les... Les meilleurs, et ce jusqu'à ce que... La mort vous sépare ? Dîtes... Oui, je le veux. » … Bon, le texte n'était pas forcément très exact mais, Remus ne s'étant jamais marié et le seul mariage auquel il ait jamais assisté étant celui de James et Lily et cela remontait à longtemps, alors il ne connaissait pas exactement le discours exact qu'il fallait prononcer mais il lui devait bien cela... Le sentiment était là, la volonté était là. Il lui devait au moins cela... Une première fois, et une dernière.

Il vit son regard devenir à ce moment plus vivant que jamais et son esprit l'enregistra automatiquement. Elle lui sembla plus vivante que jamais. Il vit son sourire orner son visage et ce fut soudainement tout ce qui compta le plus pour lui … Il pouvait mourir le lendemain, il pouvait mourir dans une minute ou au sortir de la salle, plus rien n'aurait eu d'importance là ; plus rien parce qu'il se sentait prêt... Prêt à quitter ce monde. Il avait juré de détruire, combattre un jour les forces du mal ; c'était un combat d'une vie et il s'y était adonné depuis ce jour. Il avait fait ce qu'il avait fait, il avait perdu ce qu'il avait perdu, il avait gagné bien plus encore quand bien même ce que les mangemorts croyaient qu'il avait perdu bien plus qu'il n'en avait récolté. Mais ils ne savaient pas. Ils ne savaient pas ce que signifiait, ce que représentait l'Amour pour lui ou pour n'importe qui qui avait un jour pensé qu'ils ne méritaient pas. Il avait gagné durant sa vie finalement bien plus que ce qu'il avait perdu. Il avait fait tout ce qu'il avait pu pour se battre et lutter contre le mal oppressant la planète. Aujourd'hui, c'était fini. Aujourd'hui c'était fini et il espérait qu'il reste de la relève, que leurs « sacrifices » servent au moins à quelque chose, que cela alimente et redonne de la force à ceux qui, encore dans l'ombre, attendaient le moment propice pour se battre... Il ne fallait pas tout abandonner. Ce n'était pour rien que Remus s'était battu pendant trente ans lui. Pas pour rien, mais aujourd'hui, il était usé, il en avait assez. Pour lui, c'était fini. Il se sentait prêt à mourir. Il aurait pu mourir dans la minute, ou au sortir de la pièce... Même attaqué par derrière. C'est avec ce souvenir qu'il partirait. Le sourire qui s'était affiché sur son visage ainsi que son regard qui parlèrent bien plus que les mots. Quand bien même avaient-ils une apparence miséreuse, son sourire resplendit jusque dans son cœur et le rendit plus vivant, en cet instant, qu'en n'importe quel moment passé. Si pendant deux ans, il avait cru être mort, aujourd'hui pendant cinq minutes, il se sentit plus vivant que jamais...

Lentement, il hocha la tête, alors qu'elle lui répondit et lui retournait la question... Elle semblait connaître plus la formulation que lui, en même temps elle avait dû aller à plus de mariages qu'il n'avait été... Mais ce n'était pas important. L'important était que les mots avaient été là, et que la promesse l'était tout autant quand bien même quelle avait été la formulation. « Oui, je le veux. » eut-il juste le temps de répondre sans quitter ses yeux avant qu'elle ne trouve le temps long et ne vienne elle-même sceller le « mariage » par un baiser. Cela ne dura guère longtemps... Il entendait des pas approcher. Le reste, il ne sut pas vraiment comment cela se déroula. Tout se passa comme dans un vieux film, au ralenti. Comme si quelqu'un avait pris plaisir à ralentir chaque image pour augmenter la douleur de la séparation. Tandis qu'on leur enlevait leur fils, il resta fort et ne pleura pas. Tonks pleurait et se lamentait pour lui de toutes les façons, et il n'avait toujours exercé un certain contrôle sur ses émotions... Mais le fait qu'il demeura silencieux sans prononcer un seul mot en disait long sur son état émotionnel. Il garda un bras autour de Tonks, essayant de la rassurer par sa simple présence, mais il ne pouvait guère comprendre l'amour d'une mère en voyant son fils lui être enlevé... « Sois fort mon petit. » ne put-il s'empêcher de murmurer alors qu'on leur enlevait Remy de leur étreinte. Il ne ressentait rien. C'était comme si que plus aucune larmes, plus rien, l'habitait. Il se souvenait toutefois de l'amour de sa mère pour lui et de tout ce qu'elle avait pu faire pour qu'il puisse espérer avoir une vie « normale »... Mais il ne pouvait pas comprendre exactement ce que Tonks ressentait en cet instant. Son visage était livide, livide de lire la douleur sur son visage en voyant son fils lui être enlevé, mais il ne montra rien... C'était comme si que toutes les larmes de son corps l'avaient déserté, qu'il était vidé de tout. Il se contenta d'être là pour la soutenir, l'aider à avancer alors qu'on les escortaient en-dehors de la pièce...

Tandis qu'on les raccompagnait en prison, de nouveau, Remus eut ce soubresaut au fond de lui, cette appréhension, ce froid sentiment qui réémergea en lui dès le moment où on les jeta au fond de leur cellule. Tiens... On les avait mis ensembles, cette fois ? Il ne croyait cependant pas que les mangemorts puissent avoir des états d'âmes quelconques, ou des regrets... Pathétique. L'obscurité revint. La froideur. Les râles et les hurlements d'horreur des prisonniers dans les cellules à côté. La froideur de son être et de son cœur. Il y avait cependant un changement. Il n'était plus seul... Plus seul. Il vint s'accroupir et s'asseoir à côté de Tonks, passant un bras autour de ses épaules et la serrant contre lui le plus fort qu'il put comme s'il avait pu chasser la tristesse de son âme et la berçant doucement contre son cœur. Il ferma les yeux, se laissant s'imprégner de la chaleur de son corps contre le sien, espérant simplement lui apporter le réconfort dont elle avait présentement besoin. Il n'y avait pas de mots... Pas de mots pour décrire ce moment. Il n'avait jamais été très doué avec les mots et ses gestes avaient toujours su mieux parler que ces paroles. Il voulait juste qu'elle sache qu'elle n'était pas seule, quand bien même ne leur restaient-ils qu'une semaine ou même trois jours à vivre.